jeudi 8 décembre 2022

Commentaire suite à la parution de "SENSATIONS"

« Toute poésie exprime un état d’âme. » , Henri Bergson dans Le Rire.

Cette pensée d’Henri Bergson traverse l’œuvre collective de Bassirou Diagne (Bachir Jaagn ) et Mouhamadou Mansour Ndoye intitulée : Sensations. A travers leur dynamisme, leur courage, leur amour pour les lettres et pour la poésie plus particulièrement, nos deux jeunes poètes précités ne sont plus à présenter car ils se sont frayés leur chemin dans le milieu des lettres à travers leurs œuvres respectives Des mots contre les maux, “Vers de rue”, puis cette co-production Sensations qui vient comme une confirmation de leur talent mais aussi, comme une modeste contribution dans le vaste champ de la littérature. BD et MMN que nous présentons comme étant deux plumes « Lebou », nous amènent avec eux dans un voyage émotif, où se mélangent le bonheur et la tristesse, l’amitié et le regret, la vie et la mort … Ainsi, la poésie est souvent la mise en forme des sentiments comme l’amour, la solitude, le chagrin, le deuil, l’amertume, la joie, la passion confessée en forme versifiée. Ceci est bien illustré dans l’œuvre de Bassirou Diagne et de Mouhamadou Mansour Ndoye, intitulée Sensations, un recueil de 108 poèmes publié aux Editions Muse, en 2021.

Tout d’abord, il est judicieux de rappeler que beaucoup de définitions du poème mettent l’accent sur son pouvoir agissant. C’est pourquoi Paul Valery déclare : « Un poème est une sorte de machine à produire l’état poétique au moyen des mots » . Le poème serait donc semblable à une machine qu’il soit un objet calculé et fabriqué par des ingénieurs du langage ou qu’il naisse comme machinerie aléatoire et bricolée pour piéger des émotions. Cela nous fait penser à l’anecdote de Roger Caillois, une simple anecdote observée dans la rue à propos du mendiant aveugle sur la pancarte duquel un passant avait écrit, à la place de « Aveugle de naissance » ; « Le printemps va venir, je ne le verrai pas » ce qui ne laisse pas indifférent les passants et met en évidence l’importance du choix des mots dans la production d’un message. Dans cette logique, s’inscrivent Bassirou Diagne et Mouhamadou Mansour Ndoye qui, par le pouvoir des mots touchent à notre sensibilité en tant qu’être humain d’où le titre illustratif du recueil de poèmes : Sensations. Dans ce dernier, l’harmonie et la douceur des sonorités créent une impression de fluidité et d’écoulement de l’écriture poétique pour laquelle les poèmes deviennent chargés de symboles et de mystères. De plus, on pourrait faire une classification des poèmes pour montrer la diversité mais aussi la vision transversale de nos poètes, qui ont su répondre aux exigences de l’art tout comme celles du temps : du moment.
Ainsi, certains poèmes forment une autobiographie sentimentale : c’est le cas de « Un rendez-vous manqué », « Un an de grâce », « Obsession » et « Regrets ». D’autres poèmes forment des élégies, on peut en citer : « Repose en paix », « Je regrette », « L’ange n’est plus » et « Adieu à Al-Faruq ». Dans ce cadre, nous pouvons aussi relever quelques poèmes qui forment des plaidoyers : on peut citer « Le système », « Petit talibé », « Politicien », entre autres. Ainsi, le poète a aussi le rôle comme l’écrit Victor Hugo de : « marcher devant les peuples comme une lumière ». Indigné par le spectacle de la misère, il dénonce toutes les formes d’oppressions en faisant de ses poèmes des plaidoyers passionnés pour la justice et la compréhension entre les hommes. De même, nos écrivains rendent aussi un vibrant hommage aux femmes à travers les poèmes suivants : « Aux femmes de valeur », « Dames de fer », « La femme, l’essence de la vie », « Mères-muses », « Femmes, source de bien-être », « Aux femmes en or », « A la femme que j’aime » autant de poèmes qui montrent que la femme est le noyau, le baromètre même de la société. A travers le dévoilement, un aspect de la poésie qui consiste à apporter la lumière à l’homme victime de l’ignorance par rapport à tout ce qui l’entoure. C’est sans doute dans ce sillage que Chateaubriand affirme : « Vous regardez ce que je regarde, vous ne voyez ce que je vois. ». Il y’a là l’idée d’une poésie clairvoyante, seul genre capable d’apporter la lumière à l’homme frappé par une cécité. Malgré cette posture du poète, certains portent un jugement négatif à son endroit. C’est le cas de Platon qui au livre Ⅲ de La République, chasse le poète de la cité sous prétexte qu’il donne une image fausse de la réalité. Cette position de Platon rentre dans le cadre d’expulsion du discours littéraire qui était à l’époque le discours référentiel pour le remplacer par le discours philosophique. C’est là une question d’« ordres du discours » pour parler comme Michel Foucault ou bien d’ « hégémonie » pour paraphraser l’italien Antonio Gramsci.
Quant à Jean Paul Sartre, il affirme dans Qu’est-ce que la littérature ? que : « Les poètes sont des hommes qui refusent d’utiliser le langage. » Sartre ignore que le sens profond de toute poésie est de parler aux hommes dans un langage clair. Ainsi, au fur et à mesure qu’il vient aux hommes, l’impératif du langage clair devient un sacerdoce. C’est pourquoi Victor Hugo définit le poète comme « un éclaireur » et déclare dans ce sens : « Dans votre nuit, sans lui complète, lui seul a le front éclairé … ». La poésie devient un art d’embellir et de régler le discours. Elle entre dans un jeu social commandé par des exigences de clarté et de transparence pour faciliter la communication. D’ailleurs, Boileau nous dira dans L’art poétique : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément ». Aujourd’hui, on voit clairement le discours littéraire reprendre de plus en plus sa place comme étant le discours référentiel grâce à cette pléthore de productions comme Sensations qui est un chef d’œuvre à placer au rang de Les Contemplations de Victor Hugo ou encore les Fleurs du mal de Charles Baudelaire.
Les activités de lecture et d’écriture s’interpénètrent alors comme en des reflets sans fin. Dans ce sillage écrire c’est donc récrire, reposer sur des fondations existantes et contribuer à une création continuée. Comme l’ont si bien fait Bassirou Diagne et Mouhamadou Mansour Ndoye dans leur œuvre : Sensations qui à travers l’intertextualité nous pouvons rapprochés leurs poèmes avec ceux de Hugo, de Césaire, des odelettes de Gérard de Nerval, de Senghor de Baudelaire entre autres. Ceci nous amène aux propos de Michel Schneider qui écrit « Chaque livre, est l’écho de ceux qui l’anticipèrent ou le présage de ceux qui le répéteront ». Conséquemment, nous allons procéder à ce travail de rapprochement avec l’utilisation de la théorie intertextuelle de Gérard Genette, qui se présente naturellement comme un dialogue enrichissant entre deux ou plusieurs textes. Dans le recueil Sensations, on constate une présence pertinente de l’intertexte hugolien, surtout dans le poème « Petit talibé » qui s’inscrit dans le même sillage que « Melancholia » ou Hugo fustige le travail des enfants. Par une relation thématique, Bassirou Diagne et Mouhamadou Mansour Ndoye revisitent un sujet plusieurs fois traité par des auteurs différents, à des époques différentes en prenant la défense des enfants talibés, les oubliés de la société. De même, dans le poème « Politicien », nos auteurs font référence explicitement à Frantz Fanon dès le premier vers du poème : « Peau noire, masque blanc ». Parallèlement, les poètes font allusions dans le poème intitulé « Plume du désert » à Senghor, Césaire, Damas, David Diop, Mariama Ba, ces grands noms de la littérature mondiale, des figures inspiratrices dont ils ont le lourd fardeau d’être leurs héritiers. Par l’utilisation de la citation qui est considéré comme le modèle premier de la pratique intertextuelle, BD et MMN font un clin d’œil à Alfred de Musset dans « Obsession ». Quant à « Aline Sitoé », qui nous dévoile la fonction historique du poème s’inscrit dans la logique de « Notre Dame de Paris » de Gérard de Nerval, qui est un symbole pour le peuple français tout comme l’est Aline Sitoé pour le Sénégal. Le poids de la nostalgie se fait ressentir, loin du chez soi ce qui est matérialisé par le poème « ô village » qui nous rappelle « Joal » de Senghor mais aussi, nous montre que la joie de vivre se trouve dans la terre sénégalaise, loin des villes angoissées comme Paris, News York. Pour terminer, le poème intitulé « Regrets », nous fait penser à une chanson triste de Serge Gainsbourg « Je suis venu te dire que je m’en vais » .
Si l’on tient compte que ce qui fait la particularité du poète c’est de transcrire l’innommable, l’indécise, alors ce texte Sensations mérite bien d’être adulé. Vu la manière et la précision avec lesquelles Bassirou Diagne et Mouhamadou Mansour Ndoye arrivent à faire éclore ce que nous vivons tous les jours au point de rassembler nos sentiments les plus communs, nos souffrances, nos joies communes, nos sensations dans ce recueil poétique. C’est dans ce contexte que l’art est selon Albert Camus un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’homme. Ce qui me semble en tant que lecteur être réussi dans Sensations, qui est au carrefour de la littérature par le style, la simplicité, la musicalité, la tonalité, la richesse des vers et la variété des thèmes. Au public de s’approprier de ce joyau qui mérite sa place au panthéon de la littérature. Ainsi, en tant que lecteur modèle pour paraphraser Umberto Eco, il faut aller à la rencontre de l’œuvre pour en déduire sa propre compréhension. A s’inscrire dans la praxis de Paul Valery qui déclare : « Mes poèmes ont le sens qu’on leur prête ». Cette célèbre phrase renferme une théorie qui a pris pour objet la relation entre texte et lecteur et qui est connu sous le nom de « Esthétique de la réception ». Nous concernant dans l’étude du recueil poétique Sensations, nous allons nous intéresser à ce que Hans- Robert Jauss appelle « horizon d’attente ». Cette dernière se définit comme l’ensemble des références personnelles qui peuvent être des lectures, une idéologie, une sociologie que l’on mobilise lorsqu’on va à la rencontre d’une œuvre. Cette réalité complexifie toute lecture et explique la pluralité des compréhensions au sujet d’une même œuvre. Néanmoins, nous le public qui a lu Des mots contre les maux de Bassirou Diagne, comme tout public qui attend une œuvre nous ne sommes ni déçu, et nous ne nous sentons ni trahi dans l’attente de Sensations car celle-ci est satisfaite. De plus, nous espérons que ce sentiment sera partagé par ceux qui ont lu “Vers de rue” de Mouhamadou Mansour Ndoye.
El Hadji Moussa SAMBE, Master 2 Littérature Comparée.

mercredi 13 mars 2019

Joyeux anniversaire Héba




L’amitié est une seconde chance
Pour celui qui veut s’améliorer
La vie est pleine de manigances
Mais nous n’en sortirons pas vivants, il faut s’accrocher

vendredi 1 mars 2019

J'adore le mois de Mars

J’adore le mois de Mars
Car, on fête la femme
Aujourd’hui, je n’utiliserai pas du quartz
Mais de l’or pour vous parer, j’utiliserai des pommes
Pour vous nourrir et des idées pour alimenter vos rêves
Pour vous remercier de nous avoir donnés de votre lait, votre sève

mercredi 13 février 2019

Je respire la liberté

Fort de caractère comme le climat parisien
Je fais mon bout de chemin avec gaieté 
Comme un bon noiséen
Je respire la liberté 

mardi 23 octobre 2018

Parlons Français !!!

Ce poème Parlons Français m'a permis de recevoir le Premier prix de la Catégorie "POEME" lors du concours sur la pluralité de la langue française organisé par l'Agence Universitaire de la Francophone et l'Université d'Alexandrie d'Egypte. 


mercredi 25 octobre 2017

Le schéma

Le déferlement des vagues 
Montre que la vie n'est qu'un éternel recommencement 
Le soleil brille
Malgré la froideur des cœurs 

lundi 25 septembre 2017

Les clés du bonheur

Ce soleil couchant 
Est un espoir pour la nuit
La lumière qui luit 
Procure un air adoucissant 
Toutes ces couleurs qui brillent 
Tous ces sourires qui vacillent 

Commentaire suite à la parution de "SENSATIONS"

« Toute poésie exprime un état d’âme. » , Henri Bergson dans Le Rire. Cette pensée d’Henri Bergson traverse l’œuvre collective de Bassirou D...